Nous avons traversé les Alpes – Epilogue

Nous avons traversé les Alpes – Epilogue

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  • Distance totale: 391,57 km
  • D + total: 29 467 m
  • D – total: 32 552 m
  • Durée totale: 36 jours, avec 29 jours de marche et 7 jours de pause dont 4 à Paris pour ma formation
  • Nombre de participants : 18 sur les différents raids, tous les joyeux lurons aux fiestas, les belles rencontres et vous tous mes anges-gardiens
  • 14 jours de beau temps, 9 jours nuageux avec un peu de brouillard, 9 jours de mauvais temps avec pluie, neige, vent, brouillard épais, jour blanc. De la chance, un bulletin de risque d’avalanche le plus souvent à 2.
  • Distance moyenne par jour: 13,5 km
  • D + moyen par jour: 1 016 m
  • D – moyen par jour: 1 122,48 m
  • Durée moyenne par jour: 7h07
Alors voilà, nous avons traversé les Alpes ensemble.
Au lieu de faire un tour du monde avec un cheval dans un bateau comme certains me l’avaient suggéré, j’ai eu envie de cette traversée des Alpes à ski de rando. Pourquoi pas, je ne sais plus trop comment est venue cette idée. Simplement le souhait de rassembler copains, famille et montagne. Et quelques topos et un site internet plus tard (Merci JR Minelli et les Passagers des Alpes), voilà que vous votiez tous pour baptiser ce projet le Skibylletour.
D’abord le prologue au chalet, avec une multitude de cousins, des amis, leurs amis et ce départ décalé, joie des aléas et des solutions à inventer.
Ensuite, avec Nicolas, pote de secours pour le raid 1, on s’est fait la belle arête du Beaufortain et une cession corsée d’entrainement à la boussole.
Le raid 2 c’était un peu, le lucky be happy du Skibylletour, enchainement des glaciers de la Vanoise avec la Grande Casse en cadeau. Ambiance féminine avec Nathalie, « la tante qui venait de Chine » et Charlène. C’était aussi le raid des jolis rendez-vous avec Damien qui montait deux fois de la vallée en solo, et Greg, Cyril et Martin qui s’enquillaient 2400 m de D+ pour nous retrouver au point culminant de cette traversée à 3 855 m d’altitude.
Pour le raid 3 et sa météo plus capricieuse, on retiendra la sagesse de Jean-Luc, nos discussions enflammées sur le monde du travail avec Thomas et Emilie, les belles rencontres en refuge, le brouillard qui mettra de coté toute hypothèse de monter au Mont-Thabor même si des militaires en mode camouflage s’y cachent, et les magnifiques petits vallons sauvages, bien chauds, tellement chauds que l’on croira marcher avec des bottes.
Le raid 4 après avoir essuyé les plâtres du pur plan cagoule du Skibylletour, autrement dit le jour le plus long, frontale à l’appui, a bénéficié de jours favorables. Son équipe gagne nombreuses médailles : Désolée Bichou je crois que tu remportes le prix des plus belles gamelles. Gilles garde le secret de son invincibilité au scrabble et Anne même si elle se met une crampe à chaque montée n’a pas de mal à se faire plaisir.
Le raid 5, surnommé le raid « chaud » de ce Skibylletour aura été la semaine de tous les extrêmes. Au niveau gastronomique, bien-sûr: des bons petits plats largement consistant de Bernadette et de Beppe aux saveurs inégalées de nos lyophilisés. On aura bouffé du brouillard à chaque col, des pentes raides, des arêtes venteuses et des maxis dénivelés. Heureusement la psychologie du groupe était là. Greg en tête, toujours calme et serein. Krab, le gars qui porte toujours des objets insoupçonnés dans son sac à dos, aura même transpiré en faisant la trace.  Et Oliv, malgré ses rêves d’hélico, aura accepté de se cramponner avec le sourire.
Raid 6, les joyeux fanfarons, amis fidèles des plans galères, des rendez-vous d’amitié, vieux potes du lycée. Le raid à la plus grosse capacité de progression. (La leur bien sûr mais la mienne aussi avec l’obligation d’assumer mon rôle de poisson pilote) Accoutrement non officiel avec 3 paires de crampons pour 4, des gants, des tee-shirts et des Arva empruntés au raid 5, une doudoune de ville et son poids bien tassé. Mais aussi, de la garcette de bateau, du scotch, et surtout du génépi dans les bâtons. Fabuleux raid 6: traces de loup, troupeaux de chamois, ruisseaux à traverser, pieds mouillés et tibias entaillés, lacs, menhirs. Il aura eu son lot d’émotions : des couloirs glacés aux itinéraires improvisés, et cette triste nouvelle qui venait de la vallée. Des vrais pharaons avec chacun ses qualités: David, toujours aussi drôle; Nicolas, caressant l’adversité dans la contemplation sauf au Monopoly et Cédric, le maillon fort et malicieux.
Et ce comité d’accueil à l’arrivée, maillot de bain à la clé.
J’ai adoré marcher avec vous. Des petites bandes réunies autour de chaque raid. Vous m’avez fait un super cadeau de venir tous vous relayer à mes cotés.
Ensemble, on a partagé des chouettes discussions, des bons pique-niques, joué à plein de jeux et beaucoup à la boussole.
Vous m’avez accompagné avec confiance dans mes doutes sur le chemin à prendre, parfois dans mes itinéraires alambiqués. Vous avez accepté les fonds de vallée et ces descentes en pentes sud, avec sa neige bien chauffée, voir croutée.
Il y avait pour moi un certain défi, pas tant celui de la distance à parcourir ou des sommets à gravir. Mais l’enjeu de trouver cet alliage fin, entre l’envie de partager cette aventure, de l’ouvrir aux moins aguerris, d’emmener tout ce petit monde. (En soi, des années de tradition familiale bien ancrée, à la cool, où l’on initie qui veut à la montagne, foi de l’expérimentation en direct). Et de garder en tête le plus possible un peu de lucidité sur les conditions de sécurité.
J’ai traversé des paysages, à chaque col émerveillée, une nouvelle surprise, un nouveau territoire à arpenter. Les reliefs doux et abrupts qui s’enchainent, la lumière réfléchissante, la purée de pois. Et toujours l’envie d’avancer vers la mer. C’est fou ce cheminement.
J’ai rencontré des gens, pleins de belles histoires et de sincérité : les camarades de refuges, les tablées partagées et cette incroyable vie de gardien.
A vous mes gardiens de refuge, vous qui m’avez accueillis chaque soir, vous qui n’avez pas hésité à téléphoner trois étapes plus loin pour vérifier que nous étions bien arrivés. On vous doit beaucoup. Bien sûr la chaleur, les conseils, le gite et le couvert, mais on vous doit surtout de partager avec nous votre histoire de vie, votre manière d’habiter ces lieux: ce doux mélange d’inventivité technique, de rusticité, et de convivialité. Vous êtes bien au coeur des enjeux du monde d’aujourd’hui.
A vous mes anges-gardiens, vous tous qui m’avez encouragée avec vos petits commentaires bien postés. Je les ai lu avec plaisir au fil de mon parcours. Je vous savais tout près. Ils m’ont bien guidé.
Nous avons traversé les Alpes ensemble, vraiment merci à tous.
Sibylle
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